mardi 2 avril 2013

Comment j'ai Souhaité la Mort de mon Fils (XVI)

Il y a des fois où la réalité dépasse toutes les fictions que l'on aurait pu imaginer. Il y a peut-être pire, ce n'est peut-être pas hors du commun, mais ceci est notre histoire, notre cauchemar.

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Chronique 16 : Nicolas répond… à sa façon.
Dimanche 31 mars – Lundi 1er Avril

Le dimanche de Pâques, Nicolas a passé une journée calme et stable dans les bras de papi et mamie. Maman et moi  profitions de ce dimanche de Pâques pour faire la chasse au coco à la maison, manger du chocolat et participer au traditionnel brunch de Pâques dans la famille à maman.

Vers minuit et demi cette nuit-là, le téléphone nous réveille. Maman ne veut pas aller répondre, sachant très bien qui appelle. Je réponds donc en retenant mon souffle. Nicolas a recommencé à faire des convulsions. Ils lui ont donné une grosse dose de phénobarbital pour tenter de contrôler les convulsions. C’est le résident qui est au bout de la ligne. Il me dit qu’il nous reparlerait le lendemain matin et que selon lui, il n’y avait pas vraiment d’urgence. Je lui réponds par saccade, avec ma voix tremblotante. Je n’ose pas regarder maman dans les yeux.

Je raccroche le téléphone et raconte à maman ce que le résident m’a dit. Nous pleurons. En quelque sorte, Nicolas semble nous donner une réponse quant à la direction qu’il voulait prendre. Nous ne savons que faire. Devons-nous réveiller mamie pour venir surveiller Anabelle pendant que nous nous rendons au chevet de Nicolas? D’un autre côté, je suis plutôt convaincu que nous pouvons attendre encore quelques heures et que sa situation sera stable d’ici là. Nicolas a l’habitude de bien répondre aux médicaments dans les premiers temps.

Finalement, nous prenons la décision d’y aller en se disant que s’il y a une chance que ce soit la dernière fois que nous voyons Nicolas vivant, nous devons être présents. Mamie n’est pas encore couchée. Elle s’en vient rapidement.

Nous faisons le chemin jusqu’à l’hôpital dans un silence de mort. Je ne crois pas que maman et moi nous nous sommes dit plus qu’une dizaine de mots. En arrivant, Nicolas semble somnolent. C’est normal, la dose de médicament donnée est très puissante. Ils lui ont remis une intraveineuse dans la tête pour lui injecter son médicament. Il nous fait encore quelques convulsions, mais elles s’espacent. Il se stabilise tranquillement. Nous le caressons. Nous le prenons, le berçons. Maman est triste en le berçant, elle ne veut pas laisser mourir ce petit être tout chaud au creux de ses bras, mais elle sait aussi que s’il part, ce sera le signe que son corps ne pouvait plus supporter sa maladie, ce serait donc une délivrance pour Nicolas.

Il est 3 heures du matin quand maman décide d’essayer d’aller dormir dans la salle de famille. Je prends la relève. Je le berce. Je tente de lui chanter une chanson, mais j’ai la voix qui casse sous l’émotion. Je verse des larmes. Je lui dis de s’accrocher s’il veut vivre et que nous trouverions une solution pour qu’il aille la meilleure vie possible. Je lui dis aussi que s’il est tanné, fatigué, qu’il peut aussi se laisser aller. Sa grand-maman l’attend là-haut les bras grands ouverts, j’en suis certain.

Nicolas passe la prochaine heure dans mes bras, sans convulser. Je le remets dans son lit et va rejoindre maman. Je suis épuisé. Je me couche sur le sofa en face de maman. Je finis par m’endormir.


1 commentaire:

  1. François, je pense à vous! Je suis avec vous! Je pleure avec vous! Je vous embrasse! Marie-Hélène xxx

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